• Le FLE en Andalousie

    L’Espagne est divisée en dix-sept communautés autonomes. Le ministère a délégué à chacune d’entre elles la compétence éducative ; toutefois, les principaux programmes scolaires sont du ressort de l’État. La Junta de Andalucía est l’administration qui met en œuvre les politiques éducatives dans la communauté autonome d’Andalousie. Cette dernière fut la pionnière en Espagne pour la création de filières bilingues, dans lesquelles la langue étrangère n’est pas seulement une matière enseignée ; 30 à 50% des matières sont enseignées en langue étrangère. Le FLE y a occupé une belle place. Aujourd’hui cependant, il est en fort déclin, face à l’anglais qui s’est majoritairement imposé comme langue étrangère 1 (dorénavant L1) ; l’anglais est étudié en L1 par 98% des inscrits.

     

    En revanche, la L2 est fréquemment le FLE, l’Espagne ayant une frontière commune avec la France. De nombreuses familles comptent des membres d’un côté ou de l’autre de la frontière. Au sud, le Maroc et, un peu plus loin, l’Algérie, sont des pays francophones, et, la France est le premier partenaire économique de l’Espagne. Le choix du FLE parait par conséquent logique. L’offre des cours d’allemand et de portugais est, quant à elle, ponctuelle. Aucune autre langue n’est enseignée dans les instituts d’enseignement obligatoire en Andalousie.

     

    La L2 est présentée comme option parmi d’autres matières telles que la technologie, l’informatique, etc. Ces options ne sont proposées qu’aux élèves n’ayant pas de grosses lacunes en castillan et en mathématiques. La L2 demeure une option tout au long du cursus scolaire, ainsi un apprenant peut la choisir une année, la laisser l’année suivante pour la reprendre plus tard. Des apprenants de niveaux différents peuvent par conséquent composer un même groupe classe. En outre, un minimum de quinze apprenants pour l’ouverture d’une classe est requis, conditionnant ainsi la continuité de l’enseignement/apprentissage.

     

    Cet accès restreint au FLE privilégie l’apprentissage des seuls bons apprenants (35% des inscrits au collège et 20% au lycée), les motivés sont issus majoritairement de familles au niveau socioculturel moyennement élevé voire élevé. Par conséquent, les résultats des élèves ayant pu poursuivre leur apprentissage du FLE jusqu’au bachillerato sont généralement bons (meilleurs que ceux obtenus par le plus grand nombre, en anglais, L1, enseigné depuis le primaire). Les niveaux en L2 et en L1 seraient au sortir du lycée, respectivement sur l’échelle du Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues (désormais CECRL), B1, A2.

     

    Les coupes budgétaires dont souffre actuellement l’enseignement, conduisent des professeurs à enseigner, sans préparation aucune, n’importe quelle matière, pour compléter le nombre hebdomadaire accru d’heures travaillées. Ainsi un professeur de mathématiques peut enseigner l’éducation physique, l’anglais ou le français ou vice-versa. Je n’ai trouvé aucune étude qui souligne que ces remplacements portent atteinte aux bons résultats des élèves. Il semblerait que l’inspection veille à ce qu’ils demeurent dans la norme. De plus, une loi restreignant davantage l’accès à l’apprentissage de la L2 devrait s’appliquer prochainement. La L2 ne serait alors plus obligatoirement proposée comme option dans les collèges.

     

    Ainsi, bien que la demande générale d’apprentissage de langues étrangères soit croissante, l’offre publique se restreint. Hors cursus obligatoire, les frais d’inscription aux Escuelas Oficiales de Idiomas (Écoles Officielles des Langues) qui offrent un plus large panel de langues ont grandement augmenté leurs frais d’inscription et le nombre d’apprenants par classe.

     

    Les politiques publiques mises en place aujourd’hui limitent l’accès à l’apprentissage des langues. Le multilinguisme en général, et l’enseignement/apprentissage du FLE en particulier, sont de ce fait pénalisés. Malgré ce triste constat, on dénombre 1,3 millions d’apprenants de FLE inscrits en collèges, lycées, Écoles Officielles de Langues, Alliances et Instituts Français ou Centres de langues universitaires en Espagne.[1].  



     Texte rédigé courant du 1er semestre 2014.


    [1] Informations communiquées majoritairement lors d’une conférence organisée durant les Journées FLE à l’Institut Français de Madrid, en octobre 2012, et approfondies par les lectures de différents sites mentionnés dans la sitographie.

     

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